Rentrée 1998.
Mon mari, sur invitation de son petit frère, adhère à un club de plongée, passe son niveau 2 puis son niveau 3.
Je l’accompagne durant les sorties en carrière pour les entraînements, en Bretagne pour les sorties.
De bons souvenirs.
Mais aussi les oreilles qui sont chatouillées par les récits.
J’en rêve…
Je rêve de voir aussi de mes propres yeux ce que mon imagination construit à l’écoute des retours de plongée.
Il y a un peu plus de 10 ans, mon mari, en tant que Président de l’USMC Plongée, validait mon niveau 1 de plongée.
Aujourd’hui, 16 mai 2013, l’actuel Président de ce club enregistre mon niveau 2.
Que s’est-il passé durant tout ce temps ?
Pourquoi 10 ans entre deux niveaux de plongée ?
Beaucoup de choses.
D’abord, « pas envie » de passer le niveau tout de suite.
C’est une mode : 1 niveau par an. Puis, trop poussée à longueur d’année, je recule d’autant.
Pas grave.
Je profite pleinement.
Pour commencer, 3 plongées en carrière, à Bécon-les-Granits.
D’abord avec Mathias et Sébastien G, « apprenti » initiateur à l’époque.
Génial ! Je remonte avec un super sourire. Toute contente, je raconte, raconte…
Bon, OK, il fait un peu noir là-dedans, mais les sensations sont là !
L’avion, les tubes, la piscine. Sans oublier la plate-forme des 3 m.
Puis 2 autres plongées, dont la dernière avec Eric G et mon mari.
Celle-là, je m’en souviens ! Les oreilles ne « passaient » pas ! Je ne me rappelle pas d’avoir eu aussi mal !
Enfin, j’ai plongé, avec mon mari.
Là, je considère mon niveau 1 validé pour de bon (ce qui n’était pas obligatoire à l’époque) et me voilà partie à la découverte de fonds marins !
En Bretagne d’abord, un peu partout, avec un peu tout le monde, mais surtout dans le Golf du Morbihan.
Un petit saut à La Turballe, en Vendée.
La Mer Rouge en Egypte à Safaga et Hurghada. 2 des séjours m’ont permis de perfectionner la stabilisation. Mon mari, déjà initiateur passe son niveau 4. J’en profite pour me mettre à la photographie sous-marine et travailler le poumon-ballast.
En Méditerranée française, à Niolon, Frégus et Marseille. Et en Espagne aussi : Rosas, Colera, l’Estartit.
Un peu plus loin et dans des contrées un peu moins habituelles qui nous ont permis de faire des voyages découvertes fabuleux !
La Nouvelle Calédonie, pour nos 10 ans de mariage : Phare Amédée à Nouméa, Poindimié, Ouvéa et l’Ile des Pins.
Les Philippines, une tournée au milieu des îles des Visayas.
Et bien sûr, les incontournables carrières de Bécon-les-Granit (Maine-et-Loire - 49), Beffes (Cher – 18), la Graule (Indre – 36) et, tout récemment, Trélazé (Maine-et-Loire – 49). Fait noir et pas toujours très chaud là-dedans… Mais ça forge l’expérience en milieu difficile.
Sans oublier les indispensables fosses : Charenton (Val-de-Marne – 94), Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine – 92) et surtout, surtout, Nemo33 à Bruxelles (Belgique).
Les plongées sont une occasion de rencontrer des gens, de tout niveau, avec plus ou moins des difficultés.
Des niveaux 1, bien sûr ; des niveaux 4, E2 ou pas, bien entendu, ainsi que des moniteurs fédéraux ; des jeunes plongeurs de bronze, argent ou or ; quelques rares niveaux 2 et 3 parce que ça m’est arrivé aussi.
Qu’est-ce que je retiens de ces plongées ?
Des difficultés dépassées.
Véronique, une plongeuse qui ne met habituellement pas la tête sous l’eau. Que de patience. Elle prend beaucoup, peut être parfois trop, sur elle, mais quel bonheur lorsqu’elle arrive à descendre un peu et découvrir les fonds.
Des sourires jusqu’aux oreilles !
Les enfants lorsqu’ils ont fait leur baptême en piscine, à l’occasion du Téléthon ou bien les séances organisées pour les collégiens de Montereau.
Margot, 10 ans, les yeux pétillants, qui me raconte tout ce qu’elle a vu. Et bien d’autres jeunes plongeurs aussi, tout tremblant de froid, les lèvres violettes.
Aurélien, 16 ou 17 ans, timide mais souriant, qui entend son encadrant annoncer « 18 m, 45 mn ! » alors qu’il ne descendait pas en-dessous de 6 m la veille.
Des adultes qui plongent pour la 1ère fois en mer, raconter avec excitation ce qu’ils ont vu, comment ils se sont sortis d’une situation rocambolesque.
Des rires, beaucoup de rires. Car il y a toujours une situation qui donne matière à rire !
Donc, impossible de rester longtemps à faire une tête de grognon !!!
De la solidarité entre plongeurs.
Pas très grande, pas très costaude, je trouve toujours une bonne âme pour soulever mon bloc équipé et m’aider à me dépatouiller si besoin (un bras coincé, ça arrive…).
De l’aide aussi pour remonter au bateau lorsqu’il est bien secoué par les vagues.
De l’attention.
Le débutant qui a besoin d’aide, qui est un peu perdu.
La curieuse qui vient jeter ses yeux dans le matériel des pompiers maritimes et qui pose des tas de questions.
Une réponse à une question métaphysique qui surgit tout à coup dont la réponse est une évidence pour le plongeur expérimenté qui y répond.
La plongée sous-marine c’est toute une découverte d’un milieu qui n’est pas le nôtre.
Des rencontres inattendues :
un « petit » requin qui dort au fond du récif,
des poissons-clowns de différentes couleurs qui défendent leur nid dans l’anémone (si, si, je vous assure : mon mari s’est déjà fait attaqué !),
une murène qui sort de son trou en plein jour et qui ondule dans l’eau,
de très beaux balistes bleus,
des groupes de poissons : soldats, castagnoles, carangues…
les gobies ou les tryptérigions, timides et posés sur le sable ou la roche sur leurs nageoires,
le tricot rayé qui a la trouille et qui se débine aussi en ondulant,
les tortues, majestueuses, qui filent avec légèreté,
la minuscule crevette sur la gorgone ou dans la bouche de la murène,
les danseuses espagnoles gracieuses,
un napoléon nonchalant,
des dauphins, un couple s’amusant en tournant autours de nous,
une raie torpille dérangée qui se dandine avant de se cacher à nouveau dans le sable,
le HLM à crabes dans la chaudière d’une épave,
les épaves et leur triste histoire…
Des tombants, des arrêtes, du sable, des posidonies, des patates, des rochers, une vie quoi.
Les colonnes de bulles des plongeurs.
Le grand bleu.
Le grand bleu où on perd tout repère.
On se laisse porter par l’eau (et le gilet gonflé d’air, car c’est très pratique !).
On oublie tout. Les problèmes, soucis, sont mis de côté.
Un monde silencieux, entrecoupé par la respiration des plongeurs et le grignotage que font certains poissons des récifs coralliens.
Une évasion.
Aujourd’hui, vendredi 17 mai 2013, j’ai plongé.
La 227ème plongée.
A 42 m de profondeur.
Juste la sensation de froid qui m’a envahie en-dessous des 15 m (je suis assez frileuse).
Quelle belle descente. A 20 m, je commençais à voir quelque chose en-dessous.
Le sable et une arrête.
Sur l’arrête, de drôles de clavellines et une doris.
Puis, c’est l’heure de remonter.
Ah ! Faut purger un peu car il a fallu gonfler un peu plus pour se stabiliser au fond.
Ouh, ça va mieux : à 20 m la chaleur commence à se ressentir.
Le pallier de sécurité à 3 m. Bleurp ! ça tangue… Pas de repère fixe à part mon mari qui m’encadre.
C’est long 5 mn.
Enfin, il est temps de refaire surface et de signaler notre présence au bateau.
Et un bleu de plus sur la jambe ! Ca bouge beaucoup. Mais l’aide est là histoire de remonter sur le bateau et de ne pas se casser la figure en cours de route !
Au moment où j’écris ces lignes, ma mémoire a parcouru ces 10 années.
Il y a beaucoup d’anecdotes à raconter. Quelques peines, mais elles sont tellement minimes !
Les yeux sont encore dans le bleu de ce matin.
C’est toujours dur d’en sortir.
Merci à vous tous qui m’avez permis de vivre ces 10 ans d’aventure :
Jean-Pierre, mon mari,
Jérôme, Papy, Alain, Jean-Marie, les anciens,
Fred, Véronique, Elodie, Caroline et Manon, qui ont parcouru un long chemin,
Sylvain D, E1 qui a toujours accepté que je plonge avec lui et les jeunes (et qui vient d’avoir son N4 !),
Yann, pour une plongée inoubliable dans le noir de Bécon,
Jean-Claude, Daniel, Pascal, Catherine, Alain, Martine, qui m’ont encadrés bien des fois pour des plongées plaisirs,
Pierrot et Ludo, responsables de centres, toujours plein d’humours,
Laurence et Nicolas, en Egypte où j’ai pu acquérir des autonomies et m’initier à la photo sous-marine
Serge et Sylvain P qui m’ont encadrée durant cette semaine d’examen,
Pascale, Simone, José, Vincent, Fabrice, Jean-Luc, encadrants de mon club, ainsi que Jacques et Orlando pour leurs soutiens,
Aziz, moniteur, qui m’a fait grande confiance pour m’attribuer ce niveau 2,
Sylvain L, moniteur, qui m’a convaincue de me présenter à cet examen,
Et bien sûr, tous les plongeurs et plongeuses, enfants, jeunes et adultes, ainsi que tous les encadrants, avec qui j’ai eu l’occasion de partager ces magnifiques moments sous l’eau !